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Publié le samedi 1er décembre 2012
« Une vie de cachot », c’est la dure réalité des conditions de détention dans les maisons d’arrêt et de correction du Burkina que le jeune réalisateur Inoussa Baguian a porté sur les écrans. Ce film documentaire, une première dans le palmarès cinématographique de notre pays, fait le tour de cinquante villes burkinabè. Projections, débats, échanges et formations constituent le menu de cette tournée nationale d’une vie de cachot. Dans les lignes qui suivent, Inoussa Baguian revient sur ladite tournée et dresse un bilan à mi- parcours.
Vous êtes actuellement en tournée de projections, dites- nous de quelle tournée s’agit- il ?
Il s’agit d’une tournée qui entre dans le cadre de la lutte contre la torture en milieu carcéral suite à la réalisation du film "Une vie de cachot". L’objectif en réalisant ce film c’était qu’il soit vu un peu partout. Nous avons pour cela rédigé un projet qui a été soutenu par la francophonie. Ce projet consiste à faire le tour des 45 provinces du Burkina pour diffuser le film. Il y a un autre volet qui concerne la formation des agents pénitenciers, des gendarmes, des policiers et de la société civile. Le troisième volet concerne le plaidoyer pour l’adoption de la loi contre la torture et les pratiques assimilées. En rappel c’est en 2010 que l’Etat burkinabè avait promis en Gambie d’adopter une loi contre la torture. Depuis lors la promesse n’a pas été réalisée.
Quel bilan à mi- parcours faites- vous de cette tournée ?
A l’heure actuelle nous pouvons dire que nous avons atteint 68% des villes à couvrir parce que nous avons déjà fait au moins 32 villes pour les projections- débats et les discussions. En ce qui concerne les formations nous avons déjà réalisé celle de Fada avec une soixantaine de personnes et aussi celle de Bobo- Dioulasso. Chaque fois que nous sortons les gens posent beaucoup de questions, ils veulent vraiment savoir. Il n’y a pas de ville où nous avons réuni moins de 900 personnes. Les gens sortent massivement, ils posent des questions, ils veulent connaître leurs droits surtout en matière de procédure d’incarcération.
Sur quoi porte la formation ?
La formation porte essentiellement sur la vulgarisation des documents internationaux c’est- à- dire les accords que le Burkina a signés ; la sensibilisation des gens sur la notion de torture, etc. Elle concerne ceux qui sont en contact direct avec les prisonniers c’est- à- dire les gendarmes, les policiers et les GSP pour les inviter à respecter les lois que le Burkina Faso a ratifiés pour ne pas brimer les détenus. Pour la société civile la formation consiste à leur donner des atouts sur la façon d’accompagner un détenu, l’aide à la réinsertion sociale après le séjour en prison et surtout donner aux OSC les documents de procédure juridique susceptibles d’aider les détenus à recouvrer leurs droits bafoués.
Qu’est-ce que vous retenez après ces trente deux villes que vous avez sillonnées ?
Il y a quatre choses qui m’ont beaucoup marqué. D’abord l’éveil et l’envie de savoir de la population, le refus de l’injustice. Les gens ne sont plus prêts à faire des concessions en ce qui concerne leurs droits. C’est une évidence et je viens de m’en rendre compte lors de cette tournée. La deuxième chose, les gens veulent s’approprier la loi. L’autre chose c’est la frustration des uns et des autres en voyant dans le film les conditions de vie des prisonniers dans les maisons d’arrêt. La quatrième chose que je retiens de cette tournée c’est de l’expérience pour moi, de la découverte aussi.
L’intégralité du film documentaire "une Vie de cachot" est en ligne, vous pourriez suivre ce film en cliquant sur ce lien : http://droitlibre.tv/tv/film167