Militarisation du Togo : 187 milliards de FCFA d’armes achetées en 12 ans
Le Togo, dirigé depuis 50 ans par un régime militaire, demeure à ce jour l’un des pays ayant les dépenses militaires les plus élevées en Afrique. Malgré ses difficultés économiques qui lui font occuper, depuis plus d’une décennie, une place parmi les 10 pays les plus pauvres du continent, le gouvernement togolais, l’un des plus totalitaires de la planète, consacre une majeure partie de son budget à la militarisation de ce pays de 6 millions d’habitants dont plus de la moitié vivent en dessous du seuil de pauvreté. Une visite sur le site militarybudget.org qui fournit les données quantitatives des dépenses militaires de tous les pays du monde révèle que le Togo a dépensé 315 millions de dollars soit 187 milliards, 255 millions de FCFA sur l’achat des armes durant les 12 dernières années. Ceci représente annuellement presque 12% des dépenses publiques.
Une étude comparative entre le Togo et ses pays voisins, notamment le Ghana, témoigne de l’importance qu’accorde le régime totalitaire qui dirige le Togo aux armements. Pour un pays qui n’a jamais eu de conflits militaires, il est important de se poser quelques questions ? Pourquoi le Ghana qui est 4 fois plus grand que le Togo et beaucoup plus riche que le Togo, consacre seulement 1,9% de ses dépenses publiques à l’armement quand le Togo en consacre 12 ? Pourquoi le gouvernement togolais juge-t-il nécessaire d’investir 4 fois plus dans l’armement que dans l’éducation et 3 fois plus que dans la santé ?
Ces dépenses militaires abusives attestent le degré de militarisation de ce pays dans lequel l’armée détient tout le pouvoir au point de nommer le président, le fils de l’ancien dictateur Gnassingbé Eyadema quand il décéda le 5 février 2005 après 38 ans de règne. Son fils Faure Gnassingbé se sachant mal élu et menacé par des contestations publiques de plus en plus pressantes, redouble d’effort et accroit les dépenses militaires pour garder son emprise sur le pouvoir. La répression brutale des populations contestant sa prise de pouvoir par la force a causé la mort de plus de 1000 togolais et la fuite de plus de 80,000 mille vers les pays voisins. Faure Gnassingbe sait que son régime repose sur l’armée et outre l’achat des armes, la réforme de l’armée et le recrutement massif des militaires et gendarmes, a coûté des centaines de milliards aux contribuables togolais. La « sécurité et la défense » avalent à eux seuls plus du tiers du budget de l’état. Une défense et une sécurité qui ne vise qu’à maintenir au pouvoir un dirigeant mal élu, contesté, et méprisé par son peuple.
A qui profite le crime ?
Le principal partenaire militaire du Togo est la France, la puissance coloniale avec qui elle est liée de force par un accord de défense qui à ce jour n’a servi qu’à réprimer les populations togolaises dans leur diverses tentatives de révolution. Le Togo achète presque la quasi-totalité de ses armes en France, sans compter les milliards qui sont versés à l’état français dans la formation des corps habillés togolais. Ayant peur de voir ce marché juteux lui échapper, le gouvernement français apporte un soutien indéfectible à la dictature « gnassingbéenne » qui est aujourd’hui, la plus vielle et la plus coercitive du continent. La dictature au Togo est un commerce très rentable pour la France et elle n’a aucun intérêt à la voir sombrer.
Article initialement publié sur le blog de Farida Bemba Nabourema