Burkina : Roch, le peuple attend toujours du roc
Les deux dernières années ont été très mouvementées au pays des hommes intègres. L’insurrection populaire, la transition et le putsch ont été des moments durs. C’est une période où les institutions, l’économie et bien d’autres secteurs fonctionnaient au ralenti. Malgré ces moments troubles, le peuple est resté serein avec l’espoir d’un lendemain meilleur. Il a serré la ceinture en se disant que tout ira pour le mieux. Il va de soit donc que l’élection présidentielle du 29 novembre 2015 qui a porté Roch au palais de Kosyam ait suscité un grand espoir pour le peuple. Mais force est de constater que le peuple désenchante. Les dossiers pendants en justice restent intacts. Les problèmes sociaux vont grandissants. Visiblement rien de concret qui donne l’espoir au peuple est observable sur le terrain. Le temps passe et le peuple attend.
L’espoir que le peuple a suscité au lendemain de l’installation de Roch au palais présidentiel n’est plus le même. Il n’attendait pas plus que la satisfaction de ses nombreuses attentes mais, vu ce qui est servi, d’aucuns se demandent si le pouvoir de RSS (Roch, Salif et Simon) se souvient encore des aspirations légitimes du peuple. Il suffit de prêter l’oreille dans les quartiers, dans les rues, les lieux publics etc. pour se rendre compte que la grogne est générale. Le mécontentement est si grand que certains citoyens ont la nostalgie sinon regrettent déjà l’ancien président Blaise Compaoré.
Au plan judiciaire, les arrestations vont au même rythme que les libérations provisoires. Aucune base concrète qui puisse donner l’espoir au peuple n’est entamée. Le manque de sérieux dans la commémoration de l’an 1 du putsch vient corroborer sans doute que les aspirations du peuple n’étaient pas véritablement au cœur de leur programme et si tel était le cas alors ils l’ont perdu de vue. Les emplois tant promis tardent à voir le jour. Le chômage va grandissant. La sécurité est loin d’être rassurante et la population est anxieuse au point que les plus critiques évoquent l’absence de l’autorité de l’État.
Le secteur de la santé, quant à elle, n’a guère évolué malgré la gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans. C’est peu de dire que cette gratuité de soin est loin d’être effective sinon comment peut-on justifier les décès des bébés dont on assiste ces derniers temps par manque de couveuses dans les centres de santé comme Yalgado, le plus grand centre du pays ?
Au moment de son élection, l’apaisement du climat politique, la relance économique et les solutions aux déficits sociaux tels que l’emploi étaient les principaux chantiers où le nouveau président du Faso était attendu. Après le bilan mitigé des 100 premiers jours, le bilan des 9 mois risque fort bien d’être en dessous des attentes. Paradoxalement, face à ces insatisfactions générales, le pouvoir semble faire les sourdes oreilles. On entend çà et là que c’est trop tôt de faire un bilan de 9 mois du pouvoir en place mais il faut avoir en esprit que pendant ces 9 mois des dizaines sinon des centaines d’enfants Burkinabè sont nés et demandent une prise en charges. L’arrivée au pouvoir de RSS a rythmé et rime avec une sorte d’acharnement contre la transition comme si cela constituait un programme politique qu’il faut prendre en compte.
Monsieur le président, la priorité est ailleurs et il faut plus de concentration pour mener à bien la mission confiée par le peuple … Les burkinabè attendent toujours du roc de la part du pouvoir de Roch.
Masbé NDENGAR