Dialogue démocratique : la jeunesse doit être techniquement compétente et politiquement consciente

PAYS : Bénin
DATE DE PUBLICATION : vendredi 3 juillet 2015
CATEGORIE : Articles
THEME : Politique
AUTEUR : Redaction

Le festival Ciné Droit Libre bat son plein à Ouagadougou et continu de drainer des milliers de festivaliers sur les différents sites d’activités. L’université de Ouagadougou en est un. Elle est, en plus du village du festival, le lieu par excellence des grandes mobilisations. Ce 02 juin 2015, gonflés à bloc, les étudiants ont débattu démocratiquement au « dialogue démocratique » du festival organisé en partenariat avec le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD).

« L’engagement de la jeunesse face aux défis de la préservation des acquis de l’insurrection populaire », était le thème du « dialogue démocratique » de cette 11e édition du festival Ciné Droit Libre. Très actuel, il a été décortiqué, remué de fond en comble par d’illustres panelistes que sont : le Pr. Mahamadé Sawadogo, le Dr. Ras-sablga Ouedraogo et le Dr. Abdoul Karim Seydou. Comme l’an dernier, les étudiants ont répondu à l’appel. L’Amphi A600 de l’Université de Ouagadougou a refusé du monde.

Plaidoyer du Dr. Abdoul Karim Seydou …

Le cadre juridique du thème a été abordé par le Dr. Abdoul Karim Seydou du CGD. Il a fait un rappel historique des dispositions prises en faveur de la jeunesse dans la législation des trois (03) précédentes Républiques qu’a connu le Burkina. La constitution du 02 juin 1991 ainsi que la charte de la transition ont également été visitées par le conférencier. Dans l’ensemble, le constat demeure le même : non prise en compte des aspirations réelles des jeunes dans les politiques publiques, violation des textes qui légitiment les droits des jeunes …

Il a aussi insisté sur le fait que la charte de la transition au Burkina Faso est une réelle avancée des questions liées aux jeunes, mais dans l’effectivité, le constat est amer : pas de jeunes dans l’exécutif, dans le gouvernement de transition.

Le show time du Dr. Ras-sablga Ouedraogo

Ras-sablga Ouedraogo, fondateur de l’Institut Free Afrik, est un habitué des conférences à l’Université de Ouagadougou. « Forces et faiblesses des organisations de la jeunesse », telle est la thématique sur laquelle le Ras-sablga "national" a tenu en haleine pendant plus de 20 minutes les étudiants. Sans détour, il a égrené la force de la jeunesse Burkinabè. D’après le conférencier, la jeunesse Burkinabè a une tradition de lutte et le sens d’organisation. La cohésion de cette jeunesse est un autre atout important. En effet, le Burkina est l’un des pays de la sous-région où les clivages ethniques et religieux sont aux abonnés absents. Après avoir évoqué ces atouts, le Dr. met le cap sur les faiblesses. A ce titre il relève le bas niveau de la formation de la jeunesse. Les autorités sont responsables de cette mauvaise formation : « le système Compaoré n’avait pas intérêt à ce que la jeunesse soit bien formée ». En terme de préservation des acquis de l’insurrection populaire, le docteur pense qu’il faut achever les chantiers de la loi anti-corruption et du code minier en se battant pour la signature des décrets d’application. Il faut aussi poser les vrais questions d’ordre éducatif et sanitaire et faire confiance à la commission nationale des réformes, a-t-il ajouté.

La jeunesse doit être techniquement compétente et politiquement consciente

Un calme olympien et une sérénité hors pair a rythmé la communication du Pr. Mahamadé Sawadogo, l’un des philosophes le plus respecté du continent africain. Le thème : « L’engagement de la jeunesse face aux défis de la préservation des acquis de l’insurrection populaire » a été analysé par le professeur sous le prisme des actes et de la responsabilité devant l’histoire de chaque acteur. Pour lui, « il faut légitimer l’insurrection comme mode de changement politique » car elle traduit « la colère populaire ». Il n’a également pas manqué de rappeler que l’engagement politique peut se faire de deux manières : « l’engagement conventionnel » qui se fait dans les partis politiques et « l’engagement contestataire » qui se traduit par les marches, meetings, casses, etc. Le Pr. a conclu en exhortant les masses à plus de conscience dans leurs actions de tous les jours, seul gage de préservation des acquis de l’insurrection populaire.

Ismaël Compaoré

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

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