Chérif Allatchi Galmay : « je vais verser du sang ! »
La situation des étudiants boursiers tchadiens de 2ie tourne désormais au drame. Expulsés des cours et des cités universitaires par leur établissement par faute de paiement de leur scolarité par l’État tchadien, ils ont décidé d’aller camper à leur ambassade au Burkina Faso. Ils y sont depuis le 14 mars 2016. L’occupation de cette enclave diplomatique n’est pas du gout des autorités de l’ambassade qui ont usé de toute leur force pour déloger les étudiants mani militari mais sans succès. Une délégation a été dépêchée à Ouagadougou pour résoudre la crise mais hélas. Cette délégation n’a pas trouvé mieux que d’assimiler les étudiants à des opposants et activistes. Dès lors, elle a rompu le dialogue avec ces derniers et a décidé sur des critères que nul ne sait de solder que la scolarité de 170 étudiants sur 315. Ces derniers opposent leur refus catégorique et se sont rendu au sein du 2ie où se trouvait la délégation. Là, ils décident de ne pas laisser les membres de la délégation sortir tant que leur problème ne sera pas résolu. L’ambiance.
L’ambiance était électrique ce mardi 5 mars 2016 au sein de l’école internationale 2ie. Suite à la crise qui oppose l’État tchadien aux étudiants boursiers, une délégation a été envoyée dans la capitale burkinabè pour tenter une résolution. Mais les choses ne se sont pas passées comme il se devait. La première prise de contact entre les étudiants et la délégation s’est terminée en queue de poisson parce que, selon les étudiants, ils ont été traités comme des opposants et des activistes. Les membres de la délégation, selon les étudiants, n’ont cessé de les menacer, de les intimider. Dès cet instant, la communication a été rompue entre les deux parties. A la grande surprise de tous, la délégation a décidé de solder que la scolarité de 170 étudiants sur 315. Ce qui n’est pas de l’avis de ces derniers. Ils se sont rendus massivement donc au sein de 2ie où se trouvait la délégation avec un mot d’ordre : la prise en compte de tous les étudiants.
Il faut rappeler que l’État tchadien doit environ 1 milliard 900 millions de fcfa au 2ie au titre de frais de scolarité. Ce montant est un cumule de trois années d’arriérés. A ce montant s’ajoutent 300 000 millions comme bourse de subsistance des étudiants qui n’a pas été perçu par les bénéficiaires également depuis trois ans. L’établissement 2ie compte 315 étudiants boursiers tchadiens.
Ce mot d’ordre n’est pas du gout de Chérif Allatchi Galmay, l’un des membres de la délégation. Ce dernier a laissé entendre qu’il versera du sang. Selon les étudiants, il a fait savoir qu’il va appeler ses frères, entendez Zaghawa, de même ethnie que lui. Ce qui a été fait. Ces derniers, tels un éclair ont envahi l’établissement. Aux dires des autres étudiants, ils étaient armés de machettes et de couteaux. Les deux camps étaient visibles, éloignés les uns des autres et se regardaient en chien de faïence. Les esprits s’échauffent. Échangent de propos malveillants, la tension monte. Plus rien à faire, ils se sont affrontés.
Nous nous sommes mis de côté pour filmer et photographier et c’est là qu’un jeune homme, visiblement du camp de Zaghawa m’assommait des coups et voulant retirer mon appareil photo, chose que j’ai refusé. Et les coups venaient dans tous les sens. L’instinct de survie oblige, j’ai essayé de me défendre. C’est ainsi que j’ai reçu un coup de bâton en pleine tête.
Un étudiant de 2ie a été également blessé au front et transporté d’urgence à l’hôpital. Nous l’avons rencontré quelques heures plus tard mais il y a eu plus de peur que de mal. « Chérif a promis de verser du sang et il a tenu sa promesse », a laissé entendre un étudiant, visiblement étonné de ce qui se passait. « Même à l’étranger, ils ne cachent (Chérif et ses frères) pas leur barbarie ! », s’étonne une fille.
Heureusement que les autorités burkinabè ont pris le problème à bras le corps puisqu’il nous est revenu que le président Roch Marc Christian Kaboré, depuis Paris aurait contacté son homologue tchadien Idriss Deby pour une meilleure gestion de la crise. Vivement !
Masbé NDENGAR