Passeport de l’UA : Les « nouveaux » chefs d’États africains ont enfin compris la nécessité de l’unité ?

PAYS : Bénin
DATE DE PUBLICATION : lundi 18 juillet 2016
CATEGORIE : Blog
THEME : Politique
AUTEUR : Redaction

Le 27e sommet de l’Union africaine(UA) s’est ouvert à Kigali au Rwanda le 17 juillet 2016. La question de droit de l’homme occupe une bonne place dans les échanges notamment la situation au Soudan du Sud et celle qui prévaut depuis plusieurs mois au Burundi. Figurent également au programme, les débats sur la sortie des États africains de la Cour pénale internationale(CPI). C’est un sommet à problèmes. En plus, les défis majeurs du continent restent à relever. Mais qu’à cela ne tienne. Ce sommet a eu la concrétisation d’un vieux projet : le passeport de l’Union Africaine. Parlons-en.

Le passeport délivré par l’Union Africaine est désormais une réalité. Cela fait des années que les africains attendaient ce passeport. C’est désormais chose faite. La présidente de la Commission de l’Union africaine, Dlamini Zuma a imprimé deux premiers exemplaires pour le président de l’Union africaine, Idris Deby Itno et le président du Rwanda, Paul Kagamé. Ému, le président de l’union africaine a réaffirmé son africanité et ce, dans la langue de Shakespeare : « I am a african ».

En effet, la libre circulation des biens et des personnes qui, depuis longtemps constituait une préoccupation majeure des chefs d’États africains, trouve peu à peu une solution. Ce passeport marque sans doute le début d’un processus d’intégration africaine longtemps prôné. Il est en train de prendre nécessairement son envol et avec lui l’envol économique. « Nous sommes au début d’un processus d’intégration continentale(…) Nous voulons signaler le début d’une ère de libre circulation », avait annoncé le ministre des affaires étrangères Rwandais, Louise Mushikiwabo, quelque peu avant la tenue du sommet.

Si ce document peut faciliter la libre circulation des gens « normaux » il n’empêchera pas non plus celle des gens « anormaux », entendez les terrorismes et autres narcotrafiquants. Si on n’y prenne garde, ce passeport risquerait de leur être plus utile que nous. Surtout que, même avec les visas, dont l’obtention est souvent une affaire sur le mollet de serpent, ils parviennent à entrer en possession, ce qui leur ouvre largement les frontières des pays où ils vont semer tristesse et désolation, alors ce passeport, à leurs yeux pourrait être un feu vert qu’on vient de leur donner. C’est une belle réalisation certes mais attention !

Ce passeport qui sonne dans les oreilles des africains comme une nouvelle invention vient certainement abolir le fameux visa qu’il faut présenter d’un pays à l’autre. Pour une révolution émanent des chefs d’États africains, c’en est une dans la mesure où ces derniers ne brillent que par de belles promesses dont la plupart est morte à peine sortie de leurs bouches. L’autre défi qui reste à relever est celui de l’octroi de ces passeports aux ressortissants des 54 pays. Si certains pays vont faciliter le processus d’octroi, cela ne serait pas évident pour d’autres. Et c’est là, l’inquiétude de Dlamini Zuma. D’ores et déjà, certains pays laisseraient entendre que pour des raisons techniques et administratives ils préfèrent repousser l’effectivité du document en 2020 au lieu de 2018. L’œuvre du colon, les frontières tant décriées par les africains viennent d’être « brisées » par le biais de ce document. Ainsi l’Afrique devient un « État » !

Masbé NDENGAR

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

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