Une marche pour revendiquer justice pour Thomas Sankara

PAYS : Bénin
DATE DE PUBLICATION : mardi 4 octobre 2016
CATEGORIE : Articles
THEME : Justice

En marge du lancement du projet de mémorial pour Thomas Sankara, une marche a été organisée pour revendiquer justice sur les circonstances de son assassinat. Si le mémorial est vu comme une victoire d’étape pour certains, ce n’est pas pour autant que le peuple baissera les bras en ce qui concerne le dossier Thomas Sankara surtout que ses assassins courent toujours en toute liberté. De la maison du peuple à la Place de la Nation(anciennement Place de la Révolution), la jeunesse burkinabè, accompagnée par celles Béninoise, Nigérienne, Malienne, Ivoirienne, Ghanéenne, Camerounaise, Burundaise, Sénégalaise et Togolaise en scandant les slogans ont exigé que justice soit faite au père de la révolution de 1983. Atmosphère.

Crédit photo : DLTV

Dans la cour de la Maison du Peuple, les organisateurs s’activent à mettre de l’ordre. La marche doit commencer d’un moment à l’autre. Difficile de se faire entendre surtout que les « héritiers » de Thomas Sankara scandent de tous les côtés les slogans. La Compagnie Républicaine de Sécurité (CRS) vient prêter mains fortes. Le résultat est probant. La foule s’achemine vers la mythique place de la Nation. Danses, chants, cris ont ponctué la marche.


Une halte a été faite lorsque les marcheurs sont arrivés devant la justice militaire, qui donne une ouverture sur l’État-major général des armées. Sans langue de bois, sinon sur un ton menaçant, la jeunesse a invité le tribunal militaire à s’activer pour que justice soit rendue dans un bref délai. Comme un avertissement à la justice militaire, un chant a été entonné en chœur par la foule et repris plusieurs fois : « quelque part ça ne va pas ! À la justice militaire ça ne va pas ! Mais pourquoi ça ne va pas ? » « Nous sommes tous débout ! » Rappellent-ils avant de poursuivre leur marathon en compagnie de Tiken Jah et Sams’Ka Le Jah. Le ministre de la culture, des arts et du Tourisme, Tahirou Barry et le vice-président de l’Assemblée Nationale, Me Bénéwendé Sankara n’ont pas voulu se faire conter l’évènement.

A la Place de la Nation, un grand podium pour un géant concert a été dressé. Mais avant que les artistes investissent l’espace, Tahirou Barry, Le Lion, Luc Damiba, Jerry Jhon Rawlings, etc. se sont succédé pour des interventions. Le ministre Tahirou Barry se saisit du micro et rassure le peuple : « votre mobilisation de ce soir est un grand pas, un pas de géant vers la manifestation de la vérité, la justice et de la réhabilitation du camarade Thomas Sankara ». Pour le ministre, le plus long voyage commence toujours par un pas et selon lui, ce pas a été franchi. Il se veut plus ferme : « rien n’empêchera la manifestation de la vérité et de la justice ».

Fadel Barro, l’un des leaders du mouvement Y’en a Marre du Sénégal ne passe par quatre chemins pour revendiquer la justice pour Thomas Sankara : « nous ne demandons pas la justice, nous exigeons la justice pour Thomas Sankara parce Thomas est mort pour nous et nous devons à notre tour mourir pour la manifestation de la justice pour lui ». À en croire à l’activiste Fadel Barro, l’une des principales missions de la jeunesse africaine, c’est l’exigence de la justice pour Thomas Sankara.

Après avoir rappelé à la foule que Blaise Compaoré a fait une grave erreur, Jerry Jhon Rawlings, parrain du mémorial invite le peuple a regardé vers l’avenir car, selon lui, Blaise et son frère appartiennent au passé, à l’histoire et le peuple burkinabè peut respirer une fois de plus encore l’ère de la liberté.

Place est ensuite faite à la musique et ce, jusqu’à 00h30.

Masbé NDENGAR

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

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