De la femme vient le développement !

PAYS : Bénin
DATE DE PUBLICATION : vendredi 24 juillet 2015
CATEGORIE : Articles
THEME : Société
AUTEUR : Redaction

Elles sont le plus souvent les premières à se lever et les dernières à se coucher. Des travaux les plus subalternes aux corvées les plus laborieuses, elles s’y adonnent volontiers et ce, pour le bien être de la famille. Le rôle que joue la femme dans la société est très important et multiple. Elles veillent à l’environnement familial. Mais aujourd’hui son rôle va bien au-delà.

« Faites en sorte que le diner soit prêt ! Ne vous plaignez pas, même si le mari a tort… ! », Ces propos illustrent aisément ce à quoi les femmes sont réduites dans la société. Ce traitement relève d’une certaine époque considérée comme révolue, peut-on y penser, mais détrompez-vous, il est toujours d’actualité. Combien de femmes sont dans ce cas de nos jours ? Des milliers. Son rôle, hier comme aujourd’hui est celui de se marier et avoir des enfants par la suite. « La place d’une femme est dans le foyer », a confié le député Gouagou Gouagou dans le célèbre recueil de Nouvelles, Tribaliques de Henri Lopez. En rappel, ce député était en campagne politique dans un quartier de la ville où il défendait corps et âme la scolarisation des jeunes filles, ce qui constituait par ailleurs son programme politique. Arrivé à la maison, il appelle sa fille pour lui apporter de l’eau à boire. Mais un silence de cimetière lui a été servi en guise de réponse et à sa femme de lui signifier que sa fille est en train d’étudier pour son examen donc elle est occupée. Il ne fallait pas !
En plus d’être veilleuse et garante de l’environnement familial elle est aussi guérisseuse, médium et coach de toute la société. Habituée à guérir, elle sait sans doute que quiconque mieux prévenir. La santé familiale repose sur son épaule. Le planning, les projets de la famille, l’orientation et la marche de toute la famille, elle y est le centre. Inutile de rappeler que c’est autour d’elle que gravitent les autres éléments.

Aujourd’hui, force est de constater que le rôle que joue la femme dans la société va plus loin que celui primaire d’autrefois : il ne se limite plus à la seule reproduction. Elle n’est plus cette « boniche » d’hier. Elle fait avancer l’économie ; elle contribue au développement de son pays ; elle est au centre des décisions les plus importantes. Mais pour assurer pleinement son rôle, la femme doit prendre à bras le corps son destin et doit prendre conscience de son importance combien importante pour relever les défis de l’heure. Il convient de renforcer ce rôle. D’abord en lui donnant la reconnaissance qu’elle mérite. Ensuite en permettant aux femmes de développer leurs activités économiques et en les aidant à accéder aux responsabilités auxquelles elles aspirent légitimement.

Femmes : ambassadrices du développement

Par le passé, il paraissait utopique voire injurieux de voir une femme vouloir briguer la magistrature suprême du pays. Du Brésil au Libéria en passant par la Centrafrique, cela est une réalité aujourd’hui. On se rappelle hier du rôle, combien important, que les femmes ont joué dans l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 au Burkina Faso. On a également en mémoire, le travail abattu par les femmes dans la reconstruction du Rwanda après le triste génocide de 1994 qui a coûté la vie à plus de 800 000 âmes. A travers l’association des femmes dirigeantes ou « Rwanda Women leaders’s caucus », les femmes sont convaincues que sans leur contribution, leur pays ne retrouvera jamais sa « santé » d’antan. Leur participation a été effective dans la reconstruction nationale et le développement durable de leur pays. Ainsi, elles méritent bien le sobriquet « ambassadrices de la prévention des conflits ». Contrairement à ce que certaines sociétés, féodales ou non, nous laissent croire, les femmes ne sont pas faibles. Celles qui portent et donnent la vie qui renait ne saurait être faible, sinon c’est toute l’humanité qui serait taxée de faible. Nous convenons de ce fait avec cette conviction de Gandhi : « Appeler les femmes "le sexe faible" est une diffamation ; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes ».

Tout compte fait, il est temps de se mettre à l’évidence que rien ne pourra se faire sans les femmes. Les États y gagneront à impliquer la femme dans tous les secteurs de développement et de décision, surtout que le problème de compétence ne se pose plus de nos jours. « De la femme vient la lumière », écrivit Aragon.

Masbé NDENGAR

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

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