Les représentants des mouvements citoyens arrêtés en RDC : Libérez-les !

PAYS : Bénin
DATE DE PUBLICATION : mardi 17 mars 2015
CATEGORIE : Articles
THEME : Politique
AUTEUR : Redaction

« Invités par leurs camarades Congolais du mouvement Filimbi (sifflet), Oscibi Johann du mouvement le Balai Citoyen et Fabel Barro du mouvement Y en a marre ont été arrêtés à Kinshasa le 15 mars 2015 par la police quelques cinq minutes après une conférence de presse animée sur la démocratie. Raison avancée : des instructeurs militaires, selon le ministre congolais de l’information, Lambert Mende. Parmi eux se trouvent des journalistes, des artistes et un diplomate américain. »

Vous n’êtes pas les bienvenus chez moi, c’est en substance le message que Joseph Kabila a voulu faire passer en procédant à l’arrestation de Oscibi, représentant le Balai Citoyen du Burkina et Fabel Barro de Yen a marre du Sénégal. Ces représentants des mouvements citoyens les plus influents du continent étaient au Congo RDC sous l’invitation de Filimbi, mouvement Citoyen Congolais : « Ils étaient là-bas dans le cadre des actions de résistance organisées par les organisations de la société civile contre la possible candidature de (Joseph) Kabila (…). Il y avait un certain nombre d’activités (14 mars) et aujourd’hui il y avait une conférence de presse. C’est à la fin de la conférence de presse qu’ils ont été arrêtés », a confié à Burkina24 le porte-parole du Balai Citoyen, Me Guy Hervé Kam. Le Balai Citoyen et Y en a marre n’ont pas de frontière en ce sens qu’ils foulent le sol de tout pays désireux de partager leur expérience pacifique. Le Congo n’était qu’une étape car le cape devrait être mis ensuite sur un autre pays aussi austère à la démocratie : le Burundi.

Les agents de sécurité ont fait éruption dans les locaux de l’ONG Ba jeune Maboko Na Maboko Pona Congo et ont amené 40 personnes avec eux au bord de trois véhicules pick-up. Selon les informations, ces personnes ont été convoyées à l’Agence nationale de renseignement(ANR). Quel sort leur est-il réservé ? Difficile de dire exactement ce qu’ils encourent mais selon le rappeur sénégalais, Simon, par ailleurs membre de Y en a marre, au pire des cas, leurs représentants seront expulsés du territoire congolais. Il dit avoir plus peur pour leurs camarades congolais qui peuvent faire l’objet d’empoisonnement et d’accident. Il n’a pas manqué de relever qu’ils (Yen a marre) savaient bien ce qui les attendait au Congo mais c’est le prix à payer. Peu importe les raisons avancées pour les mettre au frais, nous exigeons leur libération pure et simple.

Kabila s’est trompé de combat

Kabila en fin de mandat est soupçonné de modifier la constitution, comme c’est le cas sous les tropiques africains afin de briguer un autre mandat. Ce qui n’est pas du goût de l’opposition, de la société civile, de l’opinion internationale et même des églises. On se rappelle aussi que le mouvement Y en a marre a eu raison du pouvoir du vieux Wade au Sénégal et le Balai Citoyen n’est ni plus ni moins que le tombeur du locataire du palais de Kosyam au Burkina Faso. Leur présence en territoire Congolais donne des insomnies au patron du palais de la Bombée. Comment peut-on être en paix et tranquille lorsque les bouffeurs des présidents sommeillent à vos côtés ? Difficile ! C’est sans doute ce qui a motivé l’action de Kabila. Mais hélas ! Le président congolais vient de commettre une grave erreur. Ces arrestations donneront bien au contraire la force et du zèle au peuple congolais de poursuivre la lutte coûte que coûte et vaille que vaille jusqu’au bout de son souffle. Par cet acte, le petit Kabila vient de mettre toute la communauté internationale sur le dos : un contre tous. Comment Joseph Kabila peut ne pas penser qu’on n’arrête pas la fièvre en cassant le thermomètre ? Il est hanté par une peur noire en choisissant la voix de l’inégalité, c’est une évidence.

A l’orée des élections dans divers pays du continent, les organisations de la société civile ont du pain sur la planche. Le combat s’avère plus rude que jamais : comme le Christ, la croix sera lourde à porter mais c’est le prix à payer pour laver le peuple africain de son péché originel qui est l’éternité au pouvoir de leur dirigeant.

Masbé NDENGAR

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

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