Manifestations Anti-Référendum : la rue s’enflamme

PAYS : Bénin
DATE DE PUBLICATION : vendredi 24 octobre 2014
CATEGORIE : Articles
THEME : Politique
AUTEUR : Redaction

Depuis l’annonce d’introduire le projet de loi portant la modification de l’article 37 à l’assemblée par le gouvernement, tout semble fonctionner au ralenti avec diverses manifestations à travers la ville de Ouagadougou. De Larlé à Goughin en passant par Wemtenga, Zogona ou Dassagho on voit partout des pneus en flamme, des jeunes anti-referendums s’exhibent.

Ainsi, hier 23 octobre 2014, à 19h20 sonnantes, l’avenue Charles de Gaulle était méconnue. Au croisement avenue Charles de Gaulle et le nouveau goudron de Wemtenga menant à la Zad, un groupe de jeunes sorti de partout notamment Wemtenga et Zogona ont obstrué les passages par tout ce qu’ils pouvaient utiliser : pneus entassés en une dizaine de lots étaient en fumés ; les planches et les brigues servent de barricades. Au milieu de cette grosse fumée noirâtre qui montait dans le ciel on entendait : « non au référendum ! Non au sénat ; libérez Kosyam ! Pas de modification de l’article 37 ici ! ». Ils s’exultent encore plus lorsque certains passants acquis à leur cause les motivent en leur lançant un « du courage » sec avec le coup de poing en l’air. Est-ce un mouvement spontané ou programmé ? On ne saurait le dire avec exactitude mais la répartition des tâches entre les manifestants laisse croire que c’était savamment organisé ! Repartis en plusieurs groupes, certains avaient pour activités de ramasser les pneus, les planches et d’autres se charges de les bruler et d’autres encore étaient chargés de scander les slogans qui rappellent l’ère de la révolution. La circulation est devenue en peu de temps impossible. C’étaient la débandade chez les petits commerçants au bord des voies.

De loin on entendait le bruit d’une sirène. Ceux qui veillaient au grain disaient, à la 1re entente du bruit que c’était une ambulance. Et à d’autres de rétorquer que c’est la police. Lorsque le camion était plus proche, c’était plus clair qu’il s’agissait de la police nationale-CRS qui était postée à seulement à quelques encablures de l’Université de Ouagadougou. « Tenez-vous prêt pour l’assaut en cas d’attaque », a confié un jeune homme à ses camarades qui, s’en plus tarder se sont armés de morceaux de brigues, de bois ou de tout ce qui leur pouvait servir de défense. Les policiers, une dizaine environne, sans armes, descendent de leur camion flambant neuf et éteignent le feu, dégagent la voix des débris et remettent l’ordre dans la circulation avant de s’en aller à 19h40. Le même scénario s’est poursuivi ce matin 24 octobre devant la pédiatrie Charles de Gaulle avec les pneus toujours en flamme, rendant la circulation plus difficile.

Masbé Ndengar

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

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