Journée des droits de l’homme : Une date importante, mais toujours méconnue !

PAYS : Autres Pays
DATE DE PUBLICATION : jeudi 10 décembre 2015
CATEGORIE : Articles
THEME : Société
AUTEUR : Redaction

Depuis le 10 décembre 1950, le monde entier célèbre la journée des droits de l’homme. Cette date a été retenue dans l’objectif de promouvoir la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (DUDH) adopté deux ans plus tôt, le 10 décembre 1958. En Afrique et dans le monde, cette date n’a de sens d’abord que pour ceux qui connaissent son existence et qui s’intéressent. Pour bon nombre de nos populations, elle est un non évènement.

Difficile de passer une journée entière sans entendre parler des exactions de toute nature. Guerres, injustice, corruption, impunité, tuerie, etc. ce sont là, le quotidien de notre monde. Vue l’ampleur de la situation, cette date devrait être l’occasion de faire un arrêt pour réfléchir et trouver des solutions idoines pour la protection de l’intégrité physiques, des intérêts matériels et moraux des citoyens.

Étudiant en deuxième année en histoire et archéologie à l’Université de Ouagadougou, Seydou ignore et demande le bien-fondé de la journée internationale des droits de l’homme : « C’est quoi encore cette journée et puis on continue de tuer des innocents et de rendre la vie difficile à des millions des Burkinabè et d’Africains ? »

A l’image de Seydou, ils sont nombreux ceux qui ignorent l’existence de cette date dont l’objectif est de promouvoir les droits humains.

Dans la périphérie de Ouagadougou, au secteur 51 de l’arrondissement 11, de passage dans un kiosque à café, nous avons rencontré Abzèta, gérante dudit espace. Interrogée sur ladite journée, elle ne dira pas mieux que Seydou : « Le 10 décembre, c’est quoi ça encore ? » nous a-t-elle envoyé en pleine face en guise de réponse tout en poursuivant sa définition ou du moins de ce qu’elle sait du 10 décembre. « Si c’est droits humains là, j’en ai déjà entendu parler à la télévision, mais quant à la journée du 10 décembre, j’ignore totalement ce que c’est ».

Pour cette gérante de kiosque, la journée du 10 décembre est marquée par l’ardeur au travail. Elle la confond même à la journée mondiale du travail, célébrée chaque 1er mai : « je ne sais pas beaucoup, mais on dit lors de cette journée, qu’il faut travailler dur pour mériter ce qu’on gagne, voilà pourquoi je ne m’amuse pas avec mon travail ».

« Nul n’est censé ignorer la loi », certes mais il y a un travail qui doit être fait pour permettre aux populations de mieux connaitre cette journée ainsi que les objectifs qu’elle vise. Ainsi, vulgariser cette journée à travers des actions concrètes et visibles sur le terrain serait la solution et va permettre du même coup aux populations de connaitre leur droit et devoir. L’éducation, l’instruction, l’alphabétisation, la sensibilisation, etc. sont de ce fait des moyens efficaces pouvant permettre d’y parvenir. C’est vu l’importance de ces moyens, particulièrement de l’alphabétisation en tant que vecteur de large diffusion des droits humains que Ban Ki-moon, secrétaire général de l’ONU, lors de la célébration de la journée internationale de l’alphabétisation, le 8 septembre 2015, a exhorté les gouvernements et leurs partenaires, notamment du secteur privé, à conjuguer leurs efforts pour faire de l’alphabétisation universelle un élément essentiel de l’avenir que nous voulons.

Pour bon nombre de spécialistes en la matière, c’est la clef qui ouvrira les portes d’une meilleure maitrise des droits et devoirs fondamentaux des citoyens. C’est également par ce moyen que chaque citoyen, en connaissance de cause, prendra véritablement son destin en main dans le respect de ses devoirs tout en exigeant ses droits.

Rien de solide ne pourra se construire en matière de droits humains sans que la grande masse ne soit représentée pas elle-même, pour parler de ses préoccupations.

Ismaël COMPAORE

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

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