Monsanto : toujours contesté au Burkina Faso
La saison des pluies bat déjà son plein au Burkina Faso. Saison de dur labeur, de prière, d’espoir pour des millions d’agriculteurs, qui, à la daba ou au tracteur, s’attellent au quotidien pour rendre leurs champs le plus rentable possible. Bon nombre de ces espaces, les plus lucratifs, sont réservés à la culture du coton, de l’ « or blanc » dont le Burkina occupe le 1er rang Africain avec une production de 630 000 tonnes de coton graine (2012-2013). Ce coton produit est aussi bien transgénique que conventionnel.
Premier pays ouest africain à se lancer dans les OGM, le Burkina Faso est passé de la phase d’expérimentation lancée en 2003 à une généralisation de la production du coton BT en 2008.
Ceux qui se rappellent de l’historique de l’introduction des OGM au Burkina Faso, savent qu’elle n’a pas été du tout repos pour les émissaires, scientifiques et autorités acquis à la cause de Monsanto, firme mondiale de la production des produits transgéniques.
Des agriculteurs burkinabè ont fait le choix de ne pas se lancer dans cette nouvelle aventure en continuant de produire le coton conventionnel. Eux ce sont les antis OGM. Leurs raisons sont entre autre lié à la dépendance vis-à-vis de Monsanto, à la cherté des semences, à la dégradation progressive des sols et de la biodiversité, à l’émergence de nouvelles maladies, à la baisse de la production etc. qu’occasionne la culture du coton OGM.
Ce choix leur a couté une indifférence complète, des dissuasions, un manque de prise en compte de leurs préoccupations dans les politiques agricoles etc. de la part de la nationale du coton SOFITEX (Société Burkinabè des Fibres Textile), de l’UNPCB (l’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina) et des autres acteurs du coton favorables à Monsanto.
Houndé, région cotonnière par excellence, est le bastion de cette résistance. Les producteurs de coton conventionnel se sont également organisés en association et syndicat pour mieux défendre leurs intérêts. L’une des plus actives est le SYNTAP (Syndicat National des Travailleurs de l’Agro Pastoral).
Plusieurs années après cette introduction forcée des OGM au Burkina, le constat est amer. Beaucoup de paysans embarqués de gré ou de force dans cette culture ont déjà fait demi-tour et se consacrent maintenant à la production du coton conventionnel. D’autres veulent également emboiter le pas, mais extrêmement endetté, pris dans le piège.
Le bilan de ces années de production du coton OGM au Burkina est donc alarmant : faible rendement du coton BT comparativement au coton conventionnel, coton de moindre qualité, endettement des producteurs etc.