ADF/RDA : le pardon est méritoire
L’insurrection populaire du 30 et 31 octobre 2014 au Burkina pouvait-elle être évitée ? À cette question certains répondront par l’affirmatif et d’autres non. Les plus historiens diront tout simplement que c’est le cours de l’histoire qui se répète en souvenir au mouvement de 1966 qui avaient eu raison du président Maurice Yaméogo. Bref, c’est une nouvelle page de l’histoire du pays qui devrait coute que coute, qu’on le veuille ou non se tourner. Pour d’autres, les analystes et autres experts de la politique, on pouvait belle et bien faire l’économie de cette révolution pour peu que l’ADF/RDA suspende son soutien au CDP dans son projet sordide de modifier la constitution pour permettre à Blaise Compaoré de se représenter aux échéances électorales à venir.
Dans le discours prononcé lors de la conférence de presse du 6 novembre que l’ADF/RDA a organisé pour demander pardon au peuple Burkinabè, il a été toujours mentionné le mot « erreur », c’est-à-dire une faute involontairement commise ou une faute commise par justesse. Pour l’histoire, ce parti doit reconnaitre en toute humilité qu’il ne s’agit pas d’une erreur mais d’une faute et une très grave faute, c’est-à-dire une action ou une attitude regrettable et blâmables. Combien de fois toute la nation, genoux fléchis l’a supplié pour qu’il retire son soutien au président Compaoré mais ce fut un prêche dans le désert ? Et lorsque ses députés ont passé la nuit à l’hôtel Azalai et sont rentrés à l’assemblée le 30 ? Là aussi c’était-il involontaire ? Il faut restituer l’histoire dans son contexte et surtout assumer les conséquences de ses actes jusqu’au bout, quel qu’en soit le prix à payer.
Pour être logique, c’est sur la tête de l’ADF/RDA que le sang des enfants Burkinabè a coulé. Il est autant responsable et coupable au même titre sinon plus que Blaise lui-même. L’ADF/RDA doit reconnaitre qu’ici, il s’agit plus qu’une faute commise, mais plutôt un péché politique et il doit payer au prix fort la sanction de ses bêtises commises volontairement.
« Le salaire du péché c’est la mort », d’après la Bible. En effet, il est trop facile de dire « je fais mon mea culpa » après avoir sucé comme un vampire et avec appétit vorace le sang des Burkinabè. Si on n’y prend garde, ce mot est en train de devenir d’ailleurs une excuse nationale dans la mesure où certains, sciemment s’adonnent à des pratiques peu catholiques et lorsqu’ils sont à découverts, il suffit de prononcer ce mot magique : mea culpa. Hier c’était Rock, Simon et aujourd’hui c’est le tour de Alain Zoubga et de l’ADF/RDA. A qui le tour demain ? Certainement aux bandits de grands chemin, et là il faudrait bien leur pardonner comme il a été pardonné aux autres. La logique aurait voulu qu’en prélude à ce pardon il faut se repentir. Cela suppose l’inventaire de tous actes commis ainsi que les conséquences engendrées et mieux, reconnaitre publiquement être l’auteur. C’est en cela le principe d’un pardon sincère. De toutes les façons cette sortie n’avait pas sa raison d’être et ressemble bien fort à un affront et à un défi. Sinon comment se fait-il que la nation n’a pas encore fini de pleurer et enterrer ses enfants que l’ADF/RDA qui n’est le rassembleur que de nom puisse faire une sortie prétextant le pardon ? Ce parti avait toutes les chances et à maintes reprises de rentrer définitivement dans l’histoire du Burkina mais il a toujours préféré choisir le chemin adverse, celui du chef et non de la nation alors on ne saurait lui accorder une nième chance. Dans la vie il arrive qu’on trébuche, chute et même tombé mais il faut admettre que par cette attitude l’éléphant est tombé plus bas qu’on pouvait imaginer.
Il est évident que le pardon est divin mais ce n’est pas tout de même exclu que celui qui en a commis doit payer le prix. Le peuple du Burkina est pétri certes de tolérance et de pardon, deux valeurs d’ailleurs qui fondent le socle de cette société mais cette fois ci, il doit avoir en mémoire que l’ADF/RDA est un traitre au même titre que Juda et doit être traité avec tous les mépris possibles ; et cela ne saurait être considéré comme un acte revanchard. « Mieux vaudra ne pas naitre pour celui qui a trahi Jésus », a dit l’Eternel lorsque Jésus fut crucifié. Pour une fois, il faut donner un exemple historique aux partis saprophytes et qui manquent de vocation dans l’action politique.
Ce n’est pas une invite à la non-tolérance, bien au contraire seulement, nous estimons que cette sortie est prématurée.
Masbé NDENGAR