Solidarité avec la Sierra Léone : Où est l’UA ?

PAYS : Autres Pays
DATE DE PUBLICATION : mardi 22 août 2017
CATEGORIE : Blog
THEME : Politique

Le 14 août 2017, des pluies diluviennes suivies d’inondations et de glissements de terrain, qui ont occasionné des coulées de boue à Freetown et à ses alentours ont causé d’énormes pertes. Le bilan est lourd : environ 500 morts. Plus de 600 disparus et plusieurs milliers de personnes sans-abris. Les dégâts matériels sont également importants. C’est peu de dire que le pays est dépassé par la catastrophe. Désespérément, le président de la République, Ernest Bai Koroma, a appelé à l’aide internationale. La communauté internationale s’est mobilisée mais est loin de satisfaire les sinistrés tant le besoin est grand. Face à ce drame, rares sont les États africains qui ont manifesté leur solidarité en matériels envers la Sierra Léone, exceptés le Ghana, le Togo et la Cote d’Ivoire qui ont apporté leur aide. Quant aux autres États, ils sont motus et bouche bée. Certains analystes se demandent où est l’Union Africaine(UA) dans cette situation difficile que traverse l’un de ses membres.


ph:le monde

La Sierra Leone pleure et enterre ses morts dans l’indifférence des autres États africains. Sur les cinquante-quatre États que compte le continent, seuls le Ghana, le Togo et la Cote d’Ivoire ont exprimé leur solidarité et leur compassion à la Sierra Léone dans le malheur qui la frappe. Le bilan est lourd et la situation est autant critique qu’inquiétante. Vue donc la situation, Ernest Bai Koroma, président de la République appelle à l’aide internationale : « Nous sommes débordés et le pays a urgemment besoin de l’aide ». Cet appel de détresse semble tomber dans l’oreille d’un sourd du coté de bon nombre des États Africains. Du coup, la solidarité, base de la cohabitation harmonieuse africaine semble perdre sa grande valeur d’autrefois. De loin, chacun observe la Sierra Léone se débattre seul pour sa survie. Une telle image ne peut qu’être peu reluisante et n’honore pas le continent.

Malgré la mobilisation de la communauté internationale le besoin de la population sinistrée demeure encore énorme. Ainsi, à la suite du cri d’alarme de Ernest Bai Koroma c’est le porte-parole de la présidence qui embuche la même trompette. Là, encore l’organisation continentale, l’UA, demeure dans l’inertie. Son président, c’est certainement suite aux critiques des Africains, rompt le silence avec un communiqué qui n’est rien d’autre qu’une sorte de formalité remplie : « Toute la famille de l’UA est au côté du peuple et du gouvernement du Sierra Leone en cette période difficile », a déclaré Moussa Faki, président de l’UA. C’est certes un message de réconfort mais teinté de contre vérité puisqu’en réalité ce n’est pas tous les pays qui sont aux cotés de la Sierra Léone endeuillée. Mieux, ce communiqué a-t-il servi à résoudre le problème ? Non, dans pareille situation, ce n’est pas du discours dont on a besoin mais plutôt des actes concrets. Pour éviter d’être traitée continuellement de « machin » et de « syndicat » des chefs d’État, l’UA a intérêt à être plus concrète dans ces genres de situation, à moins que cela ne relève pas de son domaine d’intervention. L’union africaine ou les États-Unis d’Afrique tant chanté passe par là d’abord.

Masbé NDENGAR

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

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