Université des jeunes leaders : à bas la politique du ventre !

PAYS : Bénin
DATE DE PUBLICATION : jeudi 20 août 2015
CATEGORIE : Articles
THEME : Education
AUTEUR : Redaction

Le Mouvement Burkinabè pour le développement et le civisme (MBDC), en partenariat avec Diakonia a organisé du 4 au 8 août une formation en leadership en faveur des jeunes. Cette formation qui a duré cinq jours est dénommée "Université des jeunes leaders". C’est la cité des cavaliers rouges qui a accueilli cette Université, 3e du genre. 30 jeunes venus de tous les horizons du Burkina ont été outillés et ce, à travers la thématique : « participation politique des jeunes : mode d’opérationnalisation pour une démocratie consolidée ». Faire de la jeunesse des leaders aguerris, tel est l’objectif que le MBDC a visé en initiant ce concept.

C’est sous le thème : « participation politique des jeunes : mode d’opérationnalisation pour une démocratie consolidée » que la 3e édition de l’Université des jeunes leaders s’est déroulée à Koudougou. C’est le 4 août, date emblématique du Burkina que les jeunes se sont retrouvés dans cette ville, considérée à tort ou à raison comme ville guerrière dans l’histoire du Burkina. Le Mouvement burkinabè pour le développement et le civisme (MBDC), appuyé par son partenaire Diakonia a été l’initiateur de cette Université d’Eté. C’est au total 30 jeunes qui sont tous issus des organisations qui militent pour la bonne gouvernance. Les participants étaient composés de 15 garçons et de 15 filles, le quota genre oblige.

Pour les uns et les autres le choix du thème s’inscrit dans le contexte national vu ce que l’actualité politique nous offre. En effet, les élections avancent à pas du géant et pour cela il faut former les jeunes, qui du point de vue du Président du MBDC, Fousseni Ouédraogo ne peuvent plus être en marge de la politique nationale. Les jeunes ont été au cœur de l’insurrection populaire des 30 et31 octobre 2014, par conséquent ils ont leur mot à dire et pour ce faire, il faut les outiller pour leur permettre de faire des analyses objectives des projets de société de chaque candidat afin de faire un choix judicieux. « On ne peut rêver d’une bonne gouvernance qu’à condition de former des leaders », a confié Fousséni Ouédraogo, dans son discours d’ouverture. Selon le ministre de la communication en relation avec le Conseil national de la transition (CNT), Frédéric Nikiéma et par ailleurs parrain, a fait savoir que ce thème est bien à propos. « Au prix du sacrifice et même du sang, vous avez vaillamment défendu les valeurs démocratiques ». Le ministre poursuit en disant que les jeunes doivent saisir les élections à venir pour se faire une place : « chers jeunes, vous avez votre partition à jouer, car nul ne fera votre bonheur à votre place ». Luther Yaméogo, directeur de Diakonia pays Burkina Faso, quant à lui, une jeunesse bien formée est une jeunesse qui sait où elle va : «  une jeunesse formée sait d’où elle vient et sait également d’où elle va donc allons seulement ! ». Des propos qui ont essuyé des applaudissements à n’en point finir.

La première conférence a été donnée par le Pr Mahamadé Sawadogo. Sa communication a porté sur la genèse et l’évolution des principaux courants idéologiques. Pour Mahamadé Sawadogo, les idéologies ont toujours existé ; c’est l’apanage de toute société humaine. Elles sont suscitées, de l’avis du communicateur du jour, par les contradictions de la société. De multiples idéologies sont nées et ont traversé le temps mais force est de reconnaitre qu’elles ont toutes connu des limites. Les plus dominantes de nos jours sont le capitalisme et le communisme. A la question de savoir si les manifestations des 30 et 31 octobre 2014 étaient une révolution ou pas, le Pr répond en disant qu’il ne s’agit pas d’une révolution mais il s’agit belle et bien d’une insurrection car selon lui, une révolution prône un changement radical : « si c’était une révolution on allait résoudre le problème du Régiment de sécurité présidentiel (RSP) dès le début et mettre aux arrêts tous ceux qui sont responsables des dérives », a-t-il renchéri. Néanmoins ce qui s’est passé les 30 et 31 octobre 2014 sont les prémices d’une révolution, reconnait Mahamadé Sawadogo. Le Pr laisse entendre que ces deux dernières idéologies sont difficilement dissociables. « Une réflexion sur les idéologies demeure à jamais à l’ordre du jour », a conclu le Pr Mahamadé.

« Courants idéologiques et aspirations des jeunes : cas de l’insurrection populaire et de la transition du Burkina Faso », ce sous thème a été échoit au Pr Marius Ibriga de le décortiquer. Marius Ibriga n’a pas passé par quatre chemins pour dire que la plupart des partis politiques burkinabè ne sont pas assis sur des idéologies clairement définies. A travers sa communication, on comprend sans ambigüité que les responsables des partis politiques n’ont pas de projet de société sinon ils se contentent de faire des déclarations de politiques générales. Il invite par conséquent les jeunes leaders à faire une analyse approfondie des programmes politiques avant de s’engager.

Les participants se disent satisfaits de la formation qu’ils ont reçu. «  Avant de venir ici j’ignorais ce que c’était une idéologie mais maintenant c’est plus claire », a témoigné Wilfrid Sia avant d’ajouter : « cela nous permettra de mieux nous engager. Désormais on ne s’engagera plus dans un parti politique par affinité mais par vision ». Pour Yvonne Nanéma, les jeunes leaders ont beaucoup appris aux pieds des grands « baobabs » que sont entre autre les Pr Mahamadé Sawadogo et Marius Ibriga, Me Halidou Ouédraogo, etc. « je retiens essentiellement que les jeunes doivent jouer un rôle essentiel dans la promotion de la démocratie de notre pays pendant et après la transition », foi de Yvonne Nanéma qui ajoute que ce rôle se jouera par la participation politique des jeunes aux élections à venir, un engagement conséquent tout en acceptant d’en payer le prix. Comme elle, les autres participants souhaitent une implication réelle des jeunes dans la gouvernance politique du pays. Mais pour l’heure il est question d’aller transmettre les enseignements reçus aux autres jeunes : « aller annoncer la bonne nouvelle à toute la jeunesse du Burkina Faso », c’est par cette exhortation de Luther Yaméogo que les participants ont pris congé de Koudougou en se donnant rendez-vous à Tenkodogo pour la 4e édition.

Masbé NDENGAR

« Le rôle des intellectuels n’est pas de participer à la lutte pour le pouvoir. Encore moins de chercher à l’exercer. Leur rôle est, précisément, de se dessaisir autant que possible de tout pouvoir, de renoncer à l’exercice de tout magistère. Il n’est pas d’interpeller qui que ce soit. Il est de se faire, pour une fois, les maîtres de l’ascèse. »

Achille MBEMBE, historien et politologue camerounais in « Le lumpen-radicalisme et autres maladies de la tyrannie », publié dans le MONDE Afrique

img